• Phitsanulok

    (A cause des fumées de la culture sur brûlis toutes les photos sont moches, désolé.)

    Phitsanulok

    Une petite ville de province comme je les aime ; pas ou peu de touristes (j'en ai vu deux en tout et pour tout).

    Après avoir trouvé une guesthouse « very cheap » comme ils disent (mais impeccable, avec le wi-fi), longue ballade le long du fleuve.

    Phitsanulok

    Même sans vraiment sortir de la ville on peut observer de nombreux oiseaux exotiques, dont des sortes de piverts bleus absolument magnifiques. Il y a aussi plein d'écureuils (hors des villes, les enfants les chassent, les Thaïs les mangent, fumés ; mais là, ils sont peu farouches et bien nourris. On voit des cages pleines de fruits accrochés en hauteur dans certains arbres).

    Phitsanulok

     

    Phitsanulok

    On trouve plusieurs églises catholiques à Phitsanulok (un  aspect méconnu de la Thaïlande) ; ce qui m'intéresse assez parce que Tann le policier chargé de retrouver Dragon est issu d'une famille italo-Thaïe catholiques. 

    Après la ballade (je ne saurais jamais combien ça prend de "l"), je descends boire une bière dans un pub-bateaux du centre-ville, je suis le seul client et le resterai toute la soirée. Là, j'écris au bord du fleuve (trop dure la vie d'écrivain), jusqu'à ce que les moustiques me chassent.

    Phitsanulok

     

    Phitsanulok

    J'intègre dans le texte ce que j'ai vu à Bangkok, et j'arrête chapitre 18 (tout est dans le désordre et le restera, mais j'ai numéroté les chapitres par ordre chronologique – ça facilitera mon travail de correction ; pour une raison que je n'expliquerai pas ici la numérotation de certains chapitres est problématique). Le chapitre 18 est au-dessus de mes forces aujourd'hui... j'y reviendrai. Il faudra bien.

    Phitsanulok

    La soirée est fraîche ; c'est aussi l'hiver en Thaïlande (et dans le nord, il fait parfois 3 ou 4° le matin).

    Dîner au Ban Mai, sans doute le meilleur restaurant de la ville (ça ne veut pas dire qu'il soit cher pour autant), dur à trouver, excentré, aucune enseigne en caractères romains. Curry rouge de canard fumé (sur la carte, ils disent que ce n'est pas « épicé », ah ah ah, y'a des grappes de poivre vert et du piment en lamelles dans la sauce au lait de coco, mais à part ça ce n'est pas du tout épicé). Explication : quand les thaïs vous disent « attention c'est épicé », il y a 99% de chances que vous ne puissiez pas le manger... et n'essayez pas ; je me souviens de ma femme, cambodgienne (le pays d'à côté), qui mettrait du piment dans le café si ça avait un sens et en met à peu près partout ailleurs, commandant une papaya salade à Bangkok et la mangeant en suant, reniflant et pleurant. Avant d'être malade comme un chien, comme il se doit.

    Ce curry de canard fumé est un plat que je n'ai jamais vu ailleurs qu'à Phitsanulok. Le plat et les légumes sont délicieux (l'Asie du sud-est est le seul endroit où je mange des légumes). Je tente « vous auriez du vin ? ». Non non, pas de vin. J'aurais bien bu un verre de rouge. (Je pourrais en acheter une bouteille, mais payer 25 euros une mauvaise bouteille de vin, c'est contre ma religion viticole et puis mon budget est quand même serré).

    Aller au restaurant en Thaïlande (pas dans un petit restaurant comme on en trouve à tous les coins de rue, mais dans un vrai beau restaurant avec un grand parking ombragé et des jeux pour les enfants) est un truc particulier, vous pouvez venir avec votre vin, votre whisky. Si vous avez une bouteille d'eau dans le sac, personne ne grognera si vous la finissez...

    C'est toujours un spectacle amusant à observer. Les repas sont principalement familiaux, à 8, 10 ou parfois 20. Ou sentimentaux, et là le monsieur a pour « mission » d'en mettre plein la vue à son accompagnatrice. On arrive bien habillé, bijoux en or obligatoires, la bouteille de whisky (du cher, du Johnny Walker) sous le bras. On commande de la nourriture, beaucoup (disons pour 4 quand on est 2), et on boit, on boit tout en papotant (le whisky est noyé sous une quantité assez impressionnante de glaçons et d'eau gazeuse). Et après, beurré comme un coing, on remonte dans son énorme 4x4, en espérant « conclure ». Comme le dit si bien une des conquêtes de Bukowski « boire ou baiser, il faut choisir » (ce à quoi Buk répond invariablement « je ne veux pas choisir. »). Le repas me coûte l'équivalent de 6 euros (taxes et services compris) et le spectacle du couple d'à côté est trop mignon – ils ont tout les deux la quarantaine, tant pis pour le cliché du vieux riche avec sa jeunette (on en voit moins, j'ai l'impression ; et c'était surtout frappant à Bangkok où les couples mixtes étaient jeune+jeune). Je ne sais pas si ces gens sont mariés, divorcés de leur côté, célibataires, tout ce que je peux dire c'est qu'il fait le job dans les clous (mon dieu, il a une gourmette en or), mais comme partout ailleurs, les Thaïs divorcent de plus en plus et pour les femmes c'est une immense honte et souvent de terribles difficultés dans la vie de tous les jours.

    (Minute statistique : les Thaïs sont parmi les plus gros consommateurs d'alcool au monde, devant les Français.)

    A 20h00, faute de clients, tous les bars de la ville ont fermé. Place centrale, un mini-shutdown est en cours, retransmission d'un discours sur écran géant, des jeunes (encore des t-shirt Che Guevara, ce qui est assez cocasse sur des gens qui vénèrent leur roi et sont souvent croyants et pratiquants) m'invitent à boire une bière avec eux, mais je décline poliment.

    Dans ma lecture du soir, je lis « L'humanité est si dure, mais le désert est si beau. » Entièrement d'accord avec toi, Nnedi.