• Sociologue malgré lui

    Un des rares avantages d'être à Bangkok, ce sont les concerts le soir.

    Hier, pour la première fois de ma vie, j'ai tenté le Titanium (parce qu'on m'avait conseillé leur groupe phare Unicorn, un groupe de rock uniquement composé de femmes). Le Titanium est situé Soi 22, à mi-chemin entre les stations BTS Asok et Phrom Phong, pas très loin de Soi Cowboy et après une courte enfilade de bars à putes d'une tristesse phénoménale. Le Shutdown s'accompagne probablement d'une chute brutale de la vente de capotes dans tout Bangkok.

    http://www.titaniumbangkok.com/

    Le Titanium est un ice-bar, il y fait 18° environ, petite laine conseillée.

    C'est cher, même pour Bangkok, une boisson 200 bahts, Happy hour jusqu'à ce que le concert démarre (vers 22h00). C'est plein d'entraîneuses. Quand je dis plein : il y en a quarante pour un établissement assez petit somme toute (enfin 39 filles et un ladyboy). Le patron aime les grandes thaïes à forte poitrine, elles sont à peu près toutes taillées sur le même modèle avec des talons immenses. Vulgaires et interchangeables. Pas marrantes pour deux sous. Quand je dis entraîneuses, ce ne sont pas des prostituées, elles sont 1/salariées par le bar 2/là pour que vous buviez et que vous leur offriez des verres (attention, hors de prix). En trois heures de présence aucune n'est partie avec un client, ce qui est sans doute la différence entre un pub live music en Thaïlande et un bar à putes. Après je ne doute pas que si on allonge le pognon qui faut, on doit parvenir à ses fins avec certaines d'entre elles, mais bon ce-soir, tout ceux qui ont essayé se sont cassés les dents.

    J'y allais pour la musique et je n'ai pas été déçu, Unicorn ça envoie et pas qu'un peu, de 22h00 à une heure du matin avec une pause techno de vingt minutes au milieu, le groupe enchaîne les reprises, pas mal réarrangées pour certaines, du bon gros rock, quelques standards. Et même « Mannish Boy » et Johnny Cash à un moment. M'a suis régalé. La Lead Guitar est sublime ; difficile de regarder ailleurs. Et elle a une sacré bon coup de guitare et une voix impressionnante pour une petite bonne femme d'un mètre cinquante.

    L'autre intérêt du club, où j'ai vite été catalogué client pénible (celui qui écrit sur son carnet et est là pour le concert), c'est de regarder la vie nocturne de Bangkok. Deux couples « mixtes » sont assis à côté de moi, énormes Américains de 50 ans environ et leur petite puce Thaïlandaise - eux ils balancent du pognon, whisky pour les filles, boissons pour l'entraîneuse qui les sert. Ça picole, mais vous n'avez pas idée. Franchement : boire ou baiser, non ? C'est main sur le cul 100% du temps, voire plus si affinités, bang-cock, quoi. Après, il y a de jeunes couples mixtes, ça sent la « money girl » qui s'est rangée récemment. Il lui tripote la fesse pendant trois heures, ok, c'est sans doute ce qu'on appelle « marquer son territoire ». Et puis il y a les célibataires occidentaux (en groupes), qui picolent, lâchent pas mal de pognon, palpent les filles en veux-tu en voilà et finissent par partir tout seul, un peu la queue entre les jambes. Ce qu'on ne voit pas de l'intérieur : il y a des prostituées dans l'entrée, qui attendent d'être ramassées et ne veulent pas entrer pour ne pas avoir à payer une conso. Je les ai vues en sortant, forcément la moitié m'est tombé dessus. « I love you ». « One thousand, short time ». Bang-cock, quoi. C'est loin de mon hôtel, 45 minutes de métro, mais je ne regrette pas pour la musique et la sociologie.

    (Aucune scène de Dragon ne se déroule au Titanium, mais c'est dommage.)