• Tak → Mae Sot → Mae Salit (29/1)

    Lever aux aurores, avant en fait, bus de 7h00 vers Mae Sot, Deux heures de route pour 76 kilomètres à cause de trois barrages de police (ils sont permanents ; il y en a beaucoup dans cette région de Thaïlande, en raison des réfugiés Karens et autres) et d'un terrible accident de poids lourd. Le semi-remorque a visiblement percuté de 2/3 face une glissière en béton (hauteur 2m50, c'est un anti-précipice) puis s'est couché. Il ne reste de l'habitacle qu'une galette de 60cm de profondeur. Trois personnes, portant des masques chirurgicaux, nettoient la route au moment où mon bus passe au ralenti. Je détourne le regard pour ne pas rendre mon petit-dèj'.

    La route Tak → Mae Sot est très belle : à travers jungle, à flancs de montagne, toute en boucles amples, montant, descendant sans cesse.

    En arrivant sur Mae Sot, le bus passe au pied de hautes falaises, entre deux pics couverts de jungle, j'ai bien senti, comme d'ailleurs je l'avais fait remarquer à Olivier Girard avant de partir, que Dragon pourrait tout à fait être originaire de la région. Mais La Cité des crânes se passait à Mae Sot ; globalement, je ne veux pas refaire ce que j'ai déjà fait.

    Comme il est tôt, je monte dans le premier taxi collectif pour le nord. Mae Sariang (250 kilomètres, 6 heures minimum) me semble au-dessus de mes forces, malgré les deux cachets de Voltarène avalés au petit-dèj'. Je jette mon dévolu sur Mae Salit (km 113) où je ne me suis jamais arrêté.

    « Mae Sariang, me demande le chauffeur de taxi collectif.

    - Non non, Mae Salit. »

    Il hausse les épaules.

    Le trajet Mae Sot → Mae Salit « vaut le voyage » comme disent certains guides touristiques. Surtout que pour une fois, le conducteur a lui-aussi envie d'arriver vivant et entier. Vous longez des jungles, des vraies, de hautes montagnes couvertes de végétation dense, percée par la blancheur des rares arbres morts, des rivières sauvages, parfois encaissées. Au tout début du trajet, vous longez sur d'interminables kilomètres le camp de réfugiés Karens de Mae La (60 000 réfugiés birmans), tout cerclé de barbelés, lourdes chaînes aux accès. J'ai fait des photos, mais très discrètement, depuis le taxi collectif roulant au pas, à cause de la présence de nombreux militaires sur zone qui ont contrôlé plusieurs fois mes papiers.

    Vers 13h20 mon taxi s'arrête devant un carrefour, celui du Mae Moi National Park et le chauffeur me dit que je suis arrivé à Mae Salit.

    Il n'y a rien à Mae Salit. Quand je dis rien, c'est rien dans le sens « pratique ». Pas d'Internet, pas de téléphone public, pas de marché, pas d'hôtel. Juste un temple, une école, quelques petits magasins, un poste de police, un bureau de poste improbable, quelques maisons qui ne font pas magasin, une guesthouse où personne ne parle anglais et quelques bungalows perdus en pleine jungle, au bord de la rivière, loin de tout, à un gros km de l'arrêt de bus. Je loue un bungalow en utilisant absolument toutes mes réserves de langue thaïe et, première déconvenue, il n'y a pas de moustiquaire. Autant dire que je suis un homme mort si je ne trouve pas vite de quoi faire fuir les moustiques. Il n'y a pas non plus d'eau chaude.

    Une fois d'accord sur le prix du Bungalow, le (jeune) propriétaire me présente son bébé tout juste né et sa femme, qui semble n'avoir guère plus de quatorze ans mais qui en a quand même vingt (di sip).

    La vie est belle. Là, elle est vraiment très belle. Nous sommes au bord de la rivière, à deux cents mètres des jeunes se baignent et pêchent le poisson-chat.

    A 19H00, après avoir écrit sur ma terrasse avec vue sur le fleuve, j'ai un poil faim (mais quelle idée, aussi!). Je me mets en quête de nourriture mais tout est fermé, rideau baissé, sauf le magasin de motos qui ne va pas m'être d'un grand secours. Loin des bungalows, sur la grande route, bien après le temple, une vieille commerçante qui rigole tout le temps me fait signe d'approcher et me sert pour 50 bahts un ragout de piments au chien, un truc de ce genre, c'est délicieux, là n'est pas le problème, mais c'est tellement épicé que je commence à suer, renifler (toute la fin de mon rouleau de PQ y passe). Voyant que l'aiguille de mon potentiomètre piment approche doucement de la zone rouge cramoisi de la crise cardiaque, la vieille me cherche une banane mûre dans son échoppe et me conseille de la manger au plus vite, ce qui en effet règle le problème précédent sans en créer de nouveau.

    Je rentre au bungalow sous la seule lumière des étoiles, autant dire dans le noir complet. La jungle fait un vacarme peu croyable (insectes, oiseaux, hurlements bizarres, heureusement très rares).

    Mon truc anti-moustiques (acheté chez la vieille) à l'air de marcher.

    La coupure d'électricité du soir ne m'empêche pas de regarder sur mon portable Les Nuits de Dracula de Jesus (Jess) Franco... C'est mauvais, mais c'est mauvais...

    Tak → Mae Sot → Mae Salit (29/1)

    Mon carrosse pour Mae Salit (l'équivalent thaïe du taxi-brousse)

    Tak → Mae Sot → Mae Salit (29/1)

    Jeune Thaïe et sa fille attendant le bus

    Tak → Mae Sot → Mae Salit (29/1)

    Mes sacs...

    Tak → Mae Sot → Mae Salit (29/1)

    ... avant qu'on me demande de les sortir du véhicule. Il y a des marchandises à embarquer.

    Tak → Mae Sot → Mae Salit (29/1)

    Camp de réfugié Karen

    Tak → Mae Sot → Mae Salit (29/1)

    Camp de réfugiés karens

    Tak → Mae Sot → Mae Salit (29/1)

    Entrée du camp ; officine de la Karen Women Organisation

    Tak → Mae Sot → Mae Salit (29/1)

    Mon farouche compagnon de voyage - la dernière fois qu'il a ri c'était en 1976, j'avais cinq ans.

    Tak → Mae Sot → Mae Salit (29/1)

    Vue de "mon" bungalow avant installation - sur la berge en face c'est la Birmanie.

    Tak → Mae Sot → Mae Salit (29/1)

    Bungalow vue de la berge

    Tak → Mae Sot → Mae Salit (29/1)

    Poissons-chats à vendre - ne pas mettre les doigts.

    Tak → Mae Sot → Mae Salit (29/1)

    Montagnarde et son bébé.

    Tak → Mae Sot → Mae Salit (29/1)

    Chapelle bouddhiste.

    Tak → Mae Sot → Mae Salit (29/1)

    Bureau de poste de Mae Salit.

    Tak → Mae Sot → Mae Salit (29/1)

    Trop dure, la vie d'écrivain.