• Dragon est, alors que j'écris ces lignes, un texte de 110 000 signes, découpé en vingt-neuf chapitres, encore appelé à pas mal grossir.

    Dragon (มังกร)  est né il y a longtemps, sans doute vers l'an 2000, au Laos, à Vientiane, sur les bords du Mékong où pour la première fois de ma vie j'ai vu des enfants se prostituer (j'en avais sans doute vu en 1997 à Bucarest, mais à l'époque je n'avais tout simplement pas compris que ces enfants qui traînaient dans la capitale roumaine en fumant cigarette sur cigarette, et en se défonçant à la colle ou au solvant, étaient de jeunes prostitués). En l'an 2000, j'ai été choqué, mais pas tant que ça, je savais que ça existait, je ne voyais pas trop en quoi ça me concernait. Puis j'en ai revus au Cambodge, six ou sept ans plus tard, des petites filles maquillées à Phnom Penh, âgées de 5 ou 6 ans. Le choc a été plus rude que la première fois. Et Dragon a grossi. Et maintenant que j'ai deux fils de 6 et 8 ans, le monstre est arrivé à pleine maturité. Il a besoin de sortir.

    Il en aura mis du temps à se développer en moi : douze ou treize ans.

    Dragon est un meurtrier, mais il ne tue que des pédophiles et des proxénètes impliqués dans la prostitution enfantine.

    Je ne suis pas sûr que ce que je pense de lui ait le moindre intérêt, je vais laisser le lecteur observer ses faits et observer les autres personnages de cette histoire : Tann Ruedpokanon, Apichatpong Khomsiri, le général Prachya Wongkrachang, Sawinee Kaewphet, le capitaine Keng Sawadikkul, Sophon Mongkolpisit et Susan Schwartz.

    Ca pourrait être un pur texte "noir", mais je n'ai pas pu m'empêcher de doter Dragon d'étranges origines et d'un certain pouvoir. Il y a clairement une dimension métaphysique dans le texte.

    Ici, en France, je suis arrivé au bout de ce que je pouvais écrire. C'est pour ça que ce texte finira d'être écrit en Thaïlande, sur les lieux mêmes du roman, à Bangkok et dans les jungles du nord-ouest du pays. 

    Thomas Day